VERSION NOTA :
- La situation de gestion chez Red Bull Racing, avec la lutte d’influence entre Christian Horner et Helmut Marko, rappelle celle de Ferrari il y a 20 ans entre Luca di Montezemolo et Jean Todt.
- Avoir deux personnes à la tête d’une écurie, surtout lorsqu’elles ne sont que salariées et non actionnaires, n’est jamais une bonne idée. Cela a été observé chez Sauber avec Andreas Seidl et Oliver Offmann, ce qui a ralenti le développement de l’écurie.
- La clause « Marko » dans le contrat de Max Verstappen pose des problèmes de gestion chez Red Bull Racing, car elle donne à Marko une influence sur les jeunes pilotes et le management technique autour de Verstappen.
VERSION LONGUE :
La situation management de Red Bull Racing avec la lutte d’influence entre Christian Horner et Helmut Marko ressemble beaucoup à celle entrevue il y a 20 ans chez Ferrari entre Luca di Montezemolo et Jean Todt.
Avoir un duo à la tête d’une écurie n’est jamais une bonne idée. Surtout lorsque les deux personnes ne sont que salarié de la structure et non actionnaire. Il y a 12 mois, nous l’avons entrevue chez Sauber avec Andreas Seidl et Oliver Offmann. Si le premier était le PDG de l’écurie Sauber, le second était responsable du développement technique d’Audi Sport. Deux têtes, deux visions, qui en interne ont considérablement ralenti le développement de l’écurie pour préparer l’arrivée officielle du constructeur allemand en 2026. On parle d’un retard estimé entre 12 et 18 mois sur le plan initial de 2022.
Le problème de la clause « Marko » du contrat Verstappen
Depuis le début le duo Horner/Marko a un mode de communication assez simple : Christian Horner brouille les pistes soufflant le chaud et le froid provoquant des rumeurs dans la presse. Enfin Helmut Marko accuse ouvertement. La technique est toujours la même : Jamais aborder les questions de fond ainsi que les véritables raisons d’un incident. En interne, le premier a la gestion de l’écurie dans son ensemble (incluant aussi la politique auprès de la FOM), tandis que le second, ne s’occupe que des jeunes pilotes. L’alliance était parfaite pendant longtemps, jusqu’à l’arrivée de Max Verstappen. Historiquement, un jeune pilote Red Bull, débute au volant de l’écurie sœur (Alpha Tauri/Racing Bull/Toro Rosso), il est sous la coupe de Marko qui décidera de son avenir. Puis, une fois signer chez Red Bull Racing, il est sous la coupe de Christian Horner. C’était le cas pour Vettel, Ricciardo, par exemple. Mais pas pour Verstappen. Depuis son introduction dans la galaxie RBR en 2016, il y a une clause « Marko » dans chaque contrat du pilote hollandais, indexant la présence du quadruple champion du monde dans la structure autrichienne pour l’avenir. Même si le contrat actuel est (en théorie) signé jusqu’en 2028. C’est ainsi que cette clause pose problème dans le management Red Bull Racing, surtout depuis 2022.
Cette clause offre à Marko une influence sur les jeunes pilotes et surtout sur le management technique autour de Max Verstappen. Cela a provoqué des ripostes de Horner (la signature de Perez, le retour de Ricciardo, la signature de De Vies aussi, les discussions autour du rachat de contrat de Franco Colapinto au l’automne dernier). La tragédie du deuxième baquet RBR depuis l’an dernier illustre assez bien la difficulté de l’équilibre.
La lutte Montezemolo/Todt chez Ferrari, comme un air de déjà vu
Il y a 20 ans, à Maranello, Luca di Montezemolo était confronté à la même situation avec Jean Todt. Lorsque ce dernier a été promus PDG de Ferrari en 2004 (pendant que Montezemolo prenait la tête du groupe FIAT), les deux hommes ont livré une lutte larvée. Pendant longtemps, l’italien avait la gestion du marketing de l’écurie et le français la gestion sportive (incluant les pilotes) de la Scuderia. Mais, après une saison 2025 assez médiocre de la Scuderia, l’après Michael Schumacher releva du tabou interne. L’engagement de Kimi Raikkonen (raconté dans mon livre Red Ice par le menu), a été une première victoire de Montezemolo face au duo Todt/Schumacher, car l’italien voulait, à tout prix, préparer l’avenir de Ferrari.
En parallèle à cette affaire Raikkonen/Schumacher, la lutte de pouvoir a été aussi sur le domaine du marketing de l’écurie. Début 2006, Montezemolo souhaite que l’agence de publicité WPP, développe un plan pour remplacer Philip Morris, par un partenaire non tabac (comme la loi l’imposait et aussi parce que Vodafone avait signé avec McLaren pour 2007). Mais, Jean Todt, découvrit la manœuvre et court-circuita les plans de Montezemolo en rencontrant le patron de l’agence WPP pour lui annoncer qu’un accord avait été conclu avec Philip Morris. Un accord d’un milliard de dollars à l’époque jusqu’en 2011.
La lutte a été jusqu’à Felipe Massa (dont le manager était Nicolas Todt). En réalité, pour simplifier l’histoire, Montezemolo souhaitait tourner la page Schumacher et préparer l’avenir (et aussi reprendre la main à Maranello), tandis que pour Jean Todt, une prolongation jusqu’en 2008 de Schumacher, ajouté à celle de Felipe Massa, payé par une marque de tabac, en dépit des lois était le projet. La bataille entre les deux hommes dans les couloirs de Maranello a été impitoyable, violente même. Le vainqueur sera l’italien, qui après décida de changer la méthode de management avec la nomination en 2008 de Stefano Domenicali à la tête de la Scuderia. Luca di Montezemolo annonce les grandes lignes et commente l’actualité F1, tandis que Stefano Domenicali s’occupe de la politique F1. Si dans les premiers instants cela a fonctionné, sur la longueur cela a été un fiasco.
Nous verrons comment évoluera l’avenir de Red Bull Racing (départ de Horner et/ou Marko). Mais, l’histoire nous montre que cela ne se termine souvent pas de manière positive. A la fois à court terme et sur le long terme. L’ égo étant l’ennemi le plus destructeur à ce niveau de management sportif.
[…] Pour lire la suite de la note je vous invite à cliquer sur ce lien […]