La saison 7 de Drive to Survive sur Netflix laisse assez dubitatif sur la durabilité du programme. Si l’épisode 7 est innovant, intitulé « dans la chaleur de la nuit, » introduit les spectateurs dans le quotidien de cinq pilotes (Albon, Gasly, Leclerc, Norris et Russell), en marge du Grand Prix de Singapour. Le reste met surtout en avant les patrons. L’occasion d’analyser l’image de chacun, dans cette leçon de management.
Christian Horner
Dans le premier épisode, Business as Usual, nous découvrons le patron de Red Bull Racing, préparant le début de la saison 2024. Au-delà de l’enquête autour de lui, c’est surtout son attitude qui est intéressant. L’homme regrette de passer pour le méchant de l’histoire, toutefois son attitude dans l’ambiance d’un Grand Prix est assez antipathique. Développant un management par petites phrases, pour commenter les uns et les autres. Le plus intéressant est l’épisode Elbows Out, lors de la décision de l’avenir de Sergio Perez. Il est visible qu’il a déjà décidé, que c’est joué. Mais son échange à l’usine avec Liam Lawson montre une facette douce du management. L’impression qu’il est naturel lorsqu’il est avec un pilote. Cela reste bref, mais plus agréable que le reste de la série et les petites remarques ici et là.
Toto Wolff
Dans l’épisode Looking Out For Number 1, Toto Wolff met en scène sa femme dans sa réflexion sur l’après Lewis Hamilton. La tête de Susie Wolff lorsqu’il prononce le nom de Fernando Alonso est assez sympathique (car on sait qu’avant il avait rencontré Flavio Briatore dans la pizzeria de ce dernier). Pourtant durant tout l’épisode, Toto Wolff montre une image de leader. Un leader qui inspire la confiance de ses équipes (la réunion dans le motor-home pour établir une liste avec sa garde rapprochée), un leader qui réagit , évaluant les risques (la réflexion sur Carlos Sainz et Kimi Antonelli), hiérarchisant ses priorités (les passages avec Russell qu’il priorise dans le choix numéro de la continuité de l’équipe et lors d’une course à Imola de Antonelli, lorsque le président de la FIA appel Toto Wolff). Nous découvrons une véritable odyssée du manager, mais jamais les difficultés de l’écurie Mercedes, ni même l’usine, n’est montré. L’homme agit de l’extérieur face à des périodes de turbulences.
La lettre à Lewis Hamilton à la fin, montre une certaine sincérité avant de masquer immédiatement l’intensité des mots par un « tu as pleuré ? ».
Fred Vasseur
Personnage secondaire des épisodes Le Curse Of Leclerc, Carlos Signs et End Game, Fred Vasseur a l’image d’un farceur. Parlant en français, dans un programme anglo-saxon. Cultivant sa différence. On nous montre son nom sur les portes de bureau : simplement Fred. Fred plonge dans le port de Monaco, Fred fait un câlin à Toto Wolff, félicite Carlos Sainz, puis Leclerc et surtout Fred est à l’écart des ennuis. L’image montrée est une équipe de Maranello sereine pour l’avenir, plus stable et sûre d’elle. L’homme est bref dans ses paroles et désamorce rapidement les conflits.
Zak Brown
Dans l’épisode Wheels Of Fortune, le patron de McLaren laisse de côté bonhomme, pour une longue séquence de doutes dans la gestion entre Lando Norris et Oscar Piastri. En Floride, à distance il s’informe, s’inquiète, le regard ne trompe pas. La pression pour le titre de champion du monde des constructeurs monte de plusieurs crans et on découvre un homme qui redoute le présent. Lui qui a toujours développer l’image de l’avenir de McLaren et sa reconstruction. Brown montre ici une certaine humanité, qui illustre le management de l’écurie à l’usine, pour célébrer la première victoire de Norris, dans le discours de Stella envers les deux pilotes et le comportement des pilotes lorsqu’il est présent dans le cadre.
James Vowles
Le team principal de Williams apparait surtout dans Carlos Signs. Depuis trois saisons, on découvre un homme qui apprend son métier de patron. Un peu gauche au début, l’occasion de signer Carlos Sainz lui offre l’occasion de montrer qu’il a la carrure, au-delà de ses compétences techniques. Durant l’épisode, il est secoué et passe par toute les émotions. Sur de lui au début dans son choix, choqué lorsque Sainz ne vient pas au premier rendez-vous de signature. Paniqué lorsqu’il comprend qu’il a avec Flavio Briatore en face de lui, un rival très sérieux, rassuré lorsqu’un membre du conseil d’administration le félicite et enfin soulagé lorsqu’il signe avec Sainz le contrat. Lors du discours de Sainz annonçant son arrivée devant les membres de l’usine de Grove, on découvre une fierté dans le regard de chacun. Mais en face un Vowles encore gêné par sa réussite. En réalité, le team principal grandit en même temps que son équipe.
Alessandro Alunni Bravi
Le patron de Audi est présenté sous forme de cliché, sur un bateau au bord du Lac de Come, pour chercher une maison, l’homme est présenté comme un aristocrate, qui ne comprend pas ce qui lui arrive. D’ailleurs Mattia Binotto est invisible dans le programme.
Flavio Briatore
Présent dans les épisodes Carlos Signs et Under New Management, il est présenté comme l’ombre. Le méchant de l’histoire. Sa posture, ses remarques, ses discours jouent avec l’image d’un parrain (il est l’ainée de tout les patrons exécutifs du paddock), qui veut se transformer en sage ayant tout vécus. Flavio Briatore est là pour délivrer un discours, changer l’image d’Alpine et c’est visible, au point que Oliver Oakes est un figurant dans le programme. Pas le temps pour le divertissement. Toutefois le masque tombe lorsque dans l’épisode Under New Management, il félicite faussement Pierre Gasly pour sa performance lors d’une course, le traitant toutefois de « morveux », laissant entendre que son pilote n’avait pas vraiment le niveau selon ses critères personnels. Cela montre aussi l’instabilité dans le management de l’usine d’Enstone (et on ne parle pas de la décision de l’arrêt de Viry-Châtillon).
Ayao Kumatsu
Plus discret que son fantasque prédécesseur, Günther Steiner. Ce dernier étant LA star des patrons de F1 du programme Netflix. Kumatsu marque toutefois son style par une approche plus pragmatique et moins émotionnel. Le passage à l’usine, lorsqu’un membre de l’équipe demande si la signature d’Esteban Ocon pour 2026 est une bonne idée, montre que chacun est libre de s’exprimer et que la communication n’est plus dans la terreur, mais libre et salvatrice. Un bon moment de management ou Kumatsu ne s’est pas dérobé et à montré son naturel de leader devant les caméras.