… LA VERSION NOTA
- En 2022, McLaren a pivoté sur son plan initial de 5 ans
- Auparavant la pratique était synonyme d’instabilité
- Le système McLaren inspire Ferrari et s’installe comme une 3ème voie en matière d’organisation
… LA VERSION LONGUE
Le titre de champion du monde des constructeurs 2024 de McLaren Racing est une performance intéressante, car elle inscrit un nouveau courant organisationnelle en F1. Celle du court terme permanent.
Les performances de Mercedes F1 et Red Bull Racing depuis 15 ans, on démontré que deux écoles d’organisation étaient seule résultats. L’équipe allemande poussait la culture du plan long (souvent de 5 ans), jusqu’à devenir une culture interne à l’usine pour chacun des membres. A l’opposée, l’équipe autrichienne a poussé sa culture de la performance jusqu’à l’extrême, sans que l’excuse et l’empathie fasse partie du processus. McLaren a, de son côté développé une voie alternative. Inspiré de sa riche histoire, surtout de la première partie du management de Ron Dennis (1981/2000), mais entre-temps, Zak Brown a mis en place une culture intéressante et à contre-courant du modèle de la F1.
McLaren et son plan stratégique initial
En 2018, Zak Brown avait identifié le principal problème de l’équipe McLaren : son organisation et sa culture. La structure de l’équipe a évolué avec l’embauche d’Andreas Seidl dans un premier temps, mais à l’époque les défauts étaient là. Pire, c’est une stratégie de court terme qui provoque la baisse de régime de McLaren en 2022. A ce moment-là, l’écurie était loin de son objectif de continuité de la saison 2021, qui avait permis de redevenir vainqueur de Grand Prix.
En ce début de saison 2022, l’équipe estimant qu’elle avait tout pour réussir (un bon moteur Mercedes, un bon line-up de pilote (Norris et Ricciardo), une bonne approche technique), le plan de Zak Brown, présenté en 2017 aux actionnaires a fait que McLaren est devenu compétitive. Abandonnant le moteur Honda pour un Renault en 2018, puis un Mercedes en 2021. Abandonnant Fernando Alonso pour Carlos Sainz en 2019, puis Daniel Ricciardo en 2021. Abandonnant ses ingénieurs seniors expérimentés pour miser sur un ingénieur n’ayant connu que des équipes de milieu de tableau (James Key), mais ayant pour lui, le fait de savoir travailler avec peu d’argent en anticipation du plafond budgétaire, tout sur le papier était bon.
Ainsi, le changement a été impressionnant et dès 2019, les résultats ont été visible. 4ème du championnat du monde cette année-là, puis 3ème en 2020 et enfin une bataille avec la Scuderia Ferrari l’a fait échouer à la 4ème place, malgré un doublé à Monza. Mais, le plan stratégique a négligé un aspect : la nouvelle ère de la Formule 1 commence en 2022.
Le pivot du projet McLaren
C’est à ce moment que le plan a évolué. La partie 2019/2021 ayant été un succès, dès 2022, les dirigeants de McLaren ont décidé d’appliquer les mêmes recettes. Exit Ricciardo et place à Oscar Piastri, exit James Key et place à un collège dirigé désormais par Andreas Stella et surtout mise en place d’un plan de trois saison (2023/2024/2025), afin de reproduire l’élan de la période précédente. Un remake, renforçant uniquement les points forts, sans rester focus sur les points faibles du projet et de la structure organisationnelle.
Abandonnant son plan classique de 5 ans (2018/2022), pour pivoter dès 2022, sur un autre plan court terme de 3 ans, McLaren épouse aussi le brièveté des règlements techniques depuis 2017. Chaque changement faisant 4 ou 5 ans, il ne sert a rien de construire un plan long comme peut le faire Aston Martin, ou même Mercedes encore, mais de miser ce qui ne fonctionnait jamais auparavant : un plan de 3 ans reconductible à quasi l’identique à chaque changement de règlement. L’innovation passe par la réinterprétation du présent, au lieu de se projeter vers le futur systématiquement. Une situation allant à contre sens de ce qu’est la Formule 1 depuis 60 ans. Le titre de McLaren et son process, de par ses résultats inspirent les autres. Ferrari semble pivoter depuis 2023 dans ce même projet, d’autres sont sur des entres deux.
De son côté McLaren en fait désormais son élément de culture dans l’usine. Le changement de réglementation en 2026, va introduire une adaptation du plan actuel, à l’heure ou beaucoup d’observateurs estiment que Lando Norris est le favoris pour le titre pilote 2025. Il est facile de penser que dès 2027, selon la culture du plan McLaren sera compétitif pour se battre pour un titre, alors que la saison 2026 sera un round d’observation. Comme cela a été le cas en 20119/2020 et 2022/2023. Le processus et l’expérience des plans précédents aidant, l’accélération de développement aidera. Beaucoup de spécialiste ont estimé que la MCL38 de l’année 2024, n’avait en fait rien de révolutionnaire, juste une copie parfaite de ce qui se fait de mieux ailleurs. A l’image de la machine 2021.
La troisième voie
Pendant longtemps, par l’inspiration de Ron Dennis avec McLaren dans les années 80, puis Jean Todt avec Ferrari et Flavio Briatore avec Benetton et Renault entre temps, le plan de 5 ans était la norme. Aston Martin est dans ce plan-là, Williams également, comme Mercedes auparavant. Cette dernière après le plan 2012/2016, à relancer dix ans après le même processus, sur la base d’une inspiration du plan de l’époque. Alpine, via Briatore tentera de reproduire une troisième fois le succès, indiquant 2027 comme l’année du retour sur les podiums réguliers (comme Renault qui devait revenir un acteur podium en 2004. La rhétorique est la même, la méthode aussi.
McLaren s’inspire de ses succès récents et de sa culture interne pour construire une ère nouvelle que semble imité Fred Vasseur et la Scuderia Ferrari. Un plan de 3 ans, reconductible à l’infini. Un projet à succès comme le classement des constructeurs 2024 le démontre et trouvant échos aux changements de réglementations ayant une durée de vie de 5 ans depuis 20 ans maintenant. Il faut être compétitif au cœur du règlement, au moment ou chacun imite l’autre pour développer un statut quo sportif à la fin du Momentum.