Depuis 6 Grand Prix, une Red Bull n’a pas remporté une seule course. Une situation assez inédite, pour une machine ayant remporté 4 des 5 premières courses de la saison 2024. Ce scénario n’avait plus été vu depuis bien longtemps, depuis 15 ans pour être précis et il n’est d’ailleurs arrivé que trois fois dans l’histoire depuis 1988. Précisément en 1991, 2006 et 2009. Avec à chaque fois, une conséquence économique pour l’écurie victime du déclin.
Nous ne raconterons pas l’histoire de la saison 1994. Entre les soupçons de triche de Benetton et les profonds changements de réglementation après le GP de San Marin, elle reste à part.
1991, McLaren/Senna v Williams/Mansell
L’histoire de la saison 1991 est résumé assez facilement : Ayrton Senna, remporte les 4 premières courses de la saison au volant de la MP4/6 et ensuite… trois GP pour remporter le titre dans la dernière course du championnat face à un Nigel Mansell et une Williams FW14 à la boite de vitesse enfin fiabilisé. Dans le détail, c’est un peu différent. Car, dès la première course de la saison au Brésil, la FW14 était nettement plus rapide que la McLaren. Donnant le ton de la saison. Une machine traditionnelle venant de Woking contre la première née d’Adrian Newey chez Williams. D’un autre monde, tant les designs étaient différents.
Il aura fallut un package très évolué au GP de Belgique, et un moteur V12 Honda fournissant en qualification près de 780 cv pour permettre à Senna de maintenir le rythme. Mais après ? En coulisse, Ron Dennis négociait avec Bernie Ecclestone une « prime McLaren » (à la manière de la prime Ferrari), pour les prochains Accords Concorde de 1992/1997, Honda quitte les circuits fin 1992, après une saison décevante, et la célèbre marque de cigarette rouge et blanche ne souhaitait plus renouveler son contrat lors de cette saison-là. Il aura fallut un retour de Senna en 1993 et la chimère d’un retour de Alain Prost en 1994 pour maintenir le contrat jusqu’en 1996.
2006, Renault/Alonso v Ferrari/Schumacher
Durant les trois premières courses de la saison 2006, la donne était assez claire : 3 victoires de la Renault R26 (2 de Alonso et 1 de Fisichella). McLaren et Raikkonen donne l’illusion d’une rivalité à ce moment précis et Michael Schumacher n’est absolument pas satisfait de la 248. Pourtant la révolte sonne à San Marin avec la victoire de l’allemand. Puis une série de 4 victoires entre les GP d’Espagne et Canada d’Alonso et Renault assomme la concurrence. Toutefois la Scuderia n’est pas loin. Alonso devra attendre 8 courses pour remporter une nouvelle victoire. Pendant cette période, 6 courses ont été remporté par Ferrari (5 pour Schumacher et 1 pour Massa). La saison bascule. Elle sera finalement remportée par Alonso, malgré un round d’honneur de Ferrari au GP du Brésil.
La Renault R26 était une évolution châssis de la solide R25 V10. Elle a toutefois souffert de l’évolution de la 248, révisée alors par Rory Bryne, revenue comme consultant à Maranello. La machine d’Enstone était arrivé au bout de sa logique technique (on le verra avec la R27), mais les ingénieurs ont mis du temps à s’en rendre compte, car Fernando Alonso compensait beaucoup techniquement (comme Schumacher chez Ferrari d’ailleurs). En coulisse, Flavio Briatore avait perdue Fernando Alonso (qui avait signé chez McLaren Mercedes durant l’hiver 2005/2006), l’écurie a remplacé au dernier moment son sponsor cigarettier historique japonais, par la banque néerlandaise, ING (Merci Bernie Ecclestone), tandis que Renault baissait de 30% son investissement moteur et châssis. Un échec compensé par le retour en 2008 (car ING voulait arrêter les frais après une saison) de Fernando Alonso, avec les conséquence que l’on sait, mais une baisse drastique de l’investissement général jusqu’en 2009 est à signaler pour ce concentrer sur les grands projets (KERS en 2009 par exemple).
2009, Brawn/Button v Red Bull/Vettel
Cette année là, Brawn GP (Ex Honda) s’adjuge 6 des 7 premiers GP de la saison avec Jenson Button. Personne ne peut rivaliser, et c’est seulement Red Bull (machine by Adrian Newey qui s’est doté d’un double diffuseur plus vite que McLaren/Renault et Ferrari à l’époque), qui va rivaliser avec l’équipe de Brackley. Rubens Barrichello va remporter 2 courses sur les 10 courses restant au championnat, permettant à Brawn de remporter le titre constructeur. Le reste étant pour Red Bull et Vettel/Webber, Hamilton et McLaren et la Ferrari de Kimi Raikkonen.
Cette saison 2009, il n’y a eu que trois châssis construit à Brackley par Brawn GP (7 pour Red Bull et McLaren), la BGP01 n’était pas propulsée par un KERS (comme la RB5 d’ailleurs), et il n’y a eu que trois packs d’évolutions, dont un châssis plus léger pour Button (Pack 3) pour la deuxième partie de saison. En coulisse, Brawn GP a été obligé de licencier 200 personnes (plan promis par Honda), ce qui a provoqué une crise technique qui ne sera résolue que trois ans plus tard. Financièrement, l’écurie n’arrivait pas à signer d’importants sponsors et elle se fait racheter par Mercedes. Mais le sous-investissement du constructeur allemand pendant trois saisons, (et qui voulait vendre l’équipe fin 2010) ne permet plus à l’écurie d’être un rival pour le titre mondial.
Conclusion
On remarque à chaque fois que la problématique est que le châssis vainqueur arrivent en bout de course technique. L’année suivante, il n’est plus dominateur et même plus vainqueur du tout. Economiquement, l’écurie utilise son statut pour sauver son avenir en signant des accords économiques juteux (souvent les plus important de son histoire), mais, dès la saison blanche suivante, le sponsor souhaite quitter l’aventure, mais tout est sauver au dernier moment par une compensation (souvent un top pilote ou une restructuration).
Dans la situation de Red Bull, notons que depuis les années 2010, lorsqu’elle a été dominatrice, elle avait cette tendance à ralentir son développement. McLaren, lors de l’année 2011 et 2012, l’avait embarqué dans une guerre technique continue qui était contre nature pour l’usine de Milton Keynes. Mais qui a été formatrice pour aujourd’hui.
L’équipe autrichienne, discute en coulisse avec Liberty Media pour les prochains Accords Concorde 2025, le titre 2024 est primordiale pour bénéficier d’un avantage. Côté sponsoring, sachant que Red Bull va concentrer son investissement (en partenariat avec Ford) sur son moteur V6 en 2026, c’est le cas d’Oracle, qui dispose d’un contrat jusqu’en 2026, qu’il sera intéressant de suivre. Comme souvent dans ce type de gros contrat, les discussions pour un renouvellement doit débuter une année avant le terme, soit en 2025. Mais il faut que l’équipe soit en position de vaincre. Auquel cas, elle sera à la merci des redoutables comptables américains. Le cas Max Verstappen sera aussi discuté. Le triple champion du monde a déjà confirmé durant la pause estivale, sa volonté de rester dans l’écurie jusqu’en 2026. Mais après ?