Pendant longtemps, un rookie devait avoir un faible salaire pour débuter en Formule 1. Mais, cette doctrine est entrain de changer, car une exception du passée est entrain de devenir la norme dans le paddock.
De Nelson Piquet qui débutait sa carrière chez Brabham avec un salaire de 30.000 dollars en 1979, alors que Niki Lauda avait obtenu 2 millions pour piloter cette saison-là. D’Ayrton Senna qui touchait 25.000 dollars chez Tolmann en 1984, de Nigel Mansell qui touchait 50.000 dollars chez Lotus en 1984, puis Jenson Button en 2000 qui touchait 2 millions de dollars, Kimi Raikkonen en 2001 qui touchait 500.000 dollars et Fernando Alonso a qui ont a payé 4 millions de dollars son volant Minardi en 2001, ne touchait, lui que 150.000 dollars pour ses frais de déplacement. Même Lewis Hamilton, en 2007, touchait 700.000 dollars, mais les primes de résultats lui ont permis d’atteindre 7 millions. Tandis que Fernando Alonso touchait 30 millions, fort de ses deux titres de champion du monde. Sébastian Vettel touchait 800.000 dollars chez Toro Rosso en 2008 et 1,5 millions chez Red Bull Racing en 2009. Tout comme Max Verstappen entre 2015 et 2016. Seul exception, Jacques Villeneuve qui touchait 5 millions de dollars en 1996 pour ses débuts. C’était alors la plus importante somme déboursé pour un rookie. Par ses grands exemples, la notion d’un faible salaire pour débuter en F1 était la norme. Car, dans le paddock, le talent se récompense par de fortes augmentations de salaire. La méritocratie est la norme.
L’invention d’un nouveau paradigme
Au milieu des années 90, Flavio Briatore développe son petit projet de management de pilote. Il a une ambition, avec la bénédiction de Bernie Ecclestone, c’est de fournir les écuries en pilote compétitif. Transformant ainsi le slogan d’alors qui était le rapport Rendement/Prix, par le principe de Qualité/Prix. Giancarlo Fisichella, touchait 500.000 dollars chez Minardi en 1996, puis 1 million chez Jordan en 1997 et 2 millions chez Benetton en 1998 et 1999. Jarno Trulli touchait lui aussi 500.000 dollars en 1997 chez Minardi, puis 1 million et 1,5 millions chez Prost, avant de gagner 3 millions chez Jordan en 2000. Mark Webber, était gratuit en 2002 chez Minardi, puis était payé 700.000 dollars en 2003, chez Jaguar, avant de toucher pour 2004 un salaire de 2,5 millions. Fernando Alonso ne touchait que 150.000 dollars en 2001, puis 2 millions comme pilote d’essais en 2002, 4 millions en 2003 et 6 millions en 2004. Pendant qu’il gagnait ses titres, l’espagnol touchait au maximum chez Renault que 12 millions en 2006. Alors que d’autres dépassaient les 20 millions.
A l’époque, les agents s’étaient exprimé en dénonçant le fait qu’un jeune pilote ne serait pas payé à sa juste valeur potentielle. Avec le temps, ils ont eu raison. La performance et le prix ont été l’unique unité de négociation pour les contrats pilotes par la suite. Mais, nous voyons le retour du concept de Qualité/Prix avec le développement des Académies. Oscar Piastri a ouvert une nouvelle voie.
L’exception Piastri et Antonelli
A l’opposée de Lando Norris et Georges Russel, qui ont eu leur premier contrat de trois saisons à faibles salaire et qui ont ensuite fortement progressé pour faire partie des plus fortes rémunération actuelle du paddock. Le cas du jeune australien, double vainqueur en Grand Prix cette saison est intéressant. McLaren a remboursé Alpine de son investissement d’environ 12 millions d’euros pour signer le jeune australien et lui a proposé un contrat de trois saisons (2023/2024/2025), avec un salaire de 1,5 millions d’euros dès la première saison. Aujourd’hui il émarge déjà à 6 millions d’euros et a prolongé son contrat jusqu’en 2027. Notons que Carlos Sainz touchait 4 millions d’euros en 2020 chez McLaren et 8 millions chez Ferrari en 2021 (soit 5 à 6 ans après ses débuts). Que Charles Leclerc touchait en 2018 à ses débuts chez Alfa Roméo un modeste salaire de 750.000 euros, puis 3 millions chez Ferrari en 2019. Lando Norris touchait chez McLaren 700.000 euros en 2019 et 1,5 millions en 2020. Ce qui démontre l’exception d’Oscar Piastri par rapport à l’environnement qui l’entoure.
Une disposition qui pourrait être similaire pour Andreas Kimi Antonelli, dont le premier salaire serait de 3 millions d’euros pour 2025. Mais, déjà, le jeune italien aurait demandé d’un traitement similaire à celui de Russell, ce qui laisse penser que le rookie pourrait obtenir beaucoup plus d’argent dès sa première saison et battre le record de Lewis Hamilton en 2007. En parallèle, Oliver Bearmann devrait toucher, selon les rumeurs, un salaire de 3 millions d’euros chez Haas en 2025. Pour sa véritable première saison.
Les conséquences et l’idée d’une régulation des salaires des rookies ?
Les Académies des écuries étant dans le concept de Qualité/Prix, un pilote a fort potentiel pourra bénéficier d’une rémunération de vainqueur de Grand Prix dès sa première année, si l’ensemble des parties ont une forte croyance en lui. Ouvrant ainsi la boite de pandore du marché futur des salaires pilotes, car cela va permettre aux écuries de garder longtemps et protéger leur investissement, tout en sortant de la norme le pilote du marché. McLaren avait montré la voie avec Norris dernièrement.
Une protection des ressources, qui présente une logique économique et sportive, mais qui va avoir des conséquences à moyen et long termes sur le marché des transferts et totalement dérégulé le marché. A Portimao, en fin de saison 2020, Liberty Media avait soumis l’idée d’établir un plafond sur les salaires des pilotes titulaires. Il serait intéressant de réfléchir à l’établissement d’un plafond pour les rookies sortant des académies, à la manière de ce que réalise la NBA. Une piste de réflexion pour l’avenir.