Episode 5 du Podcast Tomorrownewsf1 – Les pressions sur les futurs calendriers F1
Le podcast TomorrowNewsF1, vous met à l’avant-poste des signaux faibles qui vont avoir un impact sur le futur.
SYNOPSIS :
Depuis septembre, le calendrier futur est une source de bataille entre les acteurs de la F1. La FIA d’un côté, Liberty Media de l’autre et les écuries au milieu. L’enjeu est économique et surtout l’un des points pivots des négociations des prochains Accords Concorde 2026.
Abonnez vous à la chaine Youtube du BUSINESS/book GP en cliquant ici
DETAILS :
1min05 : La pression des prétendants à l’organisation des GP
6min38: La pression des partenaires/sponsors
8min32: La pression des écuries
9min40: La pression de la FIA
LE TEXTE :
En marge du Grand Prix de Singapour, les émissaires des GP de Corée du Sud, Maroc, Rwanda et Vietnam étaient présent. Tous avec l’ambition de signer une lettre d’intention et participer aux futurs calendrier F1. Au total, ils sont 11 en liste d’attente.
Il faut comprendre comment cela fonctionne. Rien n’est gratuit en F1, une envie est gratuite, une déclaration est gratuite (comme en Argentine par exemple), mais à partir du moment ou une lettre d’intention est formulée, cela s’accompagne d’un chèque de 5 millions d’euros environ. Voir plus, selon les cas de forte concurrence sur le territoire par exemple. Pour Liberty Media c’est positif d’avoir autant de demande, car cela épouse son dynamisme et son projet de démocratiser la F1 dans le monde, afin d’en faire le premier sport sur l’échelle de la planète.
Economiquement ces 11, potentiel Grand Prix représentent un chiffre d’affaires annuel de plus de 600 millions d’euros. Le prévisionnel 2024 de la Formule 1 indique 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ajoutons ce chiffre et l’ambition des 5 milliards annoncées d’ici 2028, par Liberty Media dans son plan d’action, se rapproche d’une réalisation. Sauf qu’il y a un petit grain de sable dans la machine : Les Accords Concorde.
Depuis 2021, les Accords Concorde, qui je le rappel sont des Accords économiques liant le détenteur des droits commerciaux de la Formule 1 et les équipes. Expirent en 2025. L’ambition est de signer les nouveaux d’ici Juin 2025. Les Accords actuel indiquent que le calendrier est limité à 25 courses. Vous avez noté que le calendrier 2025 présente 24 courses. Liberty Media n’a pas été au bout de sa logique.
2026 annonce l’arrivée de Madrid, ce qui indique une 25ème courses. Mais, comme nous l’avons vu auparavant, il y a 10 autres candidats, dont par exemple la Corée du Sud, via la ville de Incheon, qui a signé une lettre d’intention ces dernières semaines. Ainsi, Liberty Media cherche à élargir le calendrier à 35 courses par saison et cette ambition rencontre des divergences.
Tout commence par des petites phrases, comme toujours lorsque les négociations commencent à devenir tendue et qu’il y a divergence en F1. Et lorsqu’en 2023 et juillet 2024, Stefano Domenicali, le responsable F1 de Liberty Media, indique que 24 courses c’est un bon chiffre, sur le papier il s’oppose ainsi directement à l’ambition de la firme qui l’embauche. 24 courses avec des rotations. Toutefois la logique est implacable entre les financiers d’une part et la rationalité de la tradition d’autres part. En effet, Domenicali cherche à obtenir des alternances pour les Grand Prix de même secteur. En marge du GP de Hollande, le promoteur de Zandvoort a tendu la main à son homologue de Spa-Francorchamps pour établir un accord de rotation pour préserver les deux courses à l’avenir. Au dernière nouvelle, le clan belge n’est pas très favorable à cette idée. Idem pour le projet Madrid qui est encouragé à alterner aussi avec la Catalogne, et pareil pour Imola et Monza. Il existerait même un accord entre l’Autriche et la Hongrie sur le même plan. Du moins ce serait également une perspective. Remarquez que cela touche essentiellement les courses sur le continent Européen.
Toutefois la logique est implacable entre les financiers d’une part et la rationalité de la tradition d’autres part. Si une bonne partie de la mentalité de Liberty Media est d’obtenir 11 GP supplémentaire et les 600 millions d’euros promis sur le papier, Domenicali lui avec son système d’alternance impose un modèle flou. Car si une course a une valeur de 25 millions d’euros en année paire, quid de celle remplacé ? payera t’elle aussi ? si oui, quelle serait la logique économique ? hormis une perte financière, car seul les ventes de place dans les tribunes permet aux promoteurs de financer leur course en Europe. Les subventions sont quasiment absentes du processus (contrairement aux restes du calendrier F1). Beaucoup de questions donc. Trop probablement face au mathématique implacable d’une croissance financière assurée.
Sur la forme, deux visions s’opposent. La première exposée par Stefano Domenicali est celle d’une F1 exclusive, à 24/25 courses et plus d’argents pour chaque course, et de l’autre une démocratisation mondiale du sport et l’image d’une réussite. Deux visions réellement ? pas certain.
L’autre point est les partenariats qui ont été récemment signés, Lenovo, Banco Santander et LVMH. Au total, 200 millions d’euros de partenariat signé. Un record. Mais, lorsque l’on se penche sur l’accord signé avec Banco Santander, il existe une visibilité sur les courses de Las Vegas et Austin. Mexique, Brésil, le GP d’Angleterre, Italie et les deux courses ibériques. Toutefois, il existe une option pour un potentiel Grand Prix en Allemagne. Etonnant, car il n’y a plus de course sur le sol allemande depuis 2019. Existe-t-il un projet d’un retour de l’autre côté du Rhin de la discipline ? mystère pour l’instant. Mais le détail contractuelle est à souligner. Idem pour LVMH, cet accord estimé à plus de 100 millions d’euros, remplace d’autres déjà présent, en doublant la somme. Une telle augmentation et un contrat de 10 ans à la clé, indique un projet de croissance évident et promis. L’empire de Bernard Arnault cherchant à s’affranchir uniquement du moteur économique chinois pour accroitre son chiffre d’affaires à terme et devenir une entreprise globale. Les ambitions de Liberty Media pour la F1 d’une part et celle de LVMH d’autre part, étant similaire, l’accord était logique entre les deux parties. Nous entendons que Lenovo aurait dans son contrat le sponsoring des courses sur la zone Asie du calendrier, à savoir la Corée du Sud, Vietnam etc… Tous ses accords sont liés au principe de visibilité. Ainsi, plus la Formule 1 est visible durant une saison, plus cela justifie les sommes injectés dans ses accords pour le développement du modèle économique F1.
Un nouveau point à citer reste les écuries. Les plus importantes ont déjà deux équipes qui se relaie durant la saison, afin de combattre les burn out et les chutes de motivation, entrevue en 2021 et 2022. Mais, toute ne peuvent pas suivre. Rajouter plus de circuit, signifie donc plus de personnel (donc une deuxième ou troisième équipe en relaie sur les circuits) et nous touchons ainsi aux discussions du budget plafond. Un ajustement au budget plafond a été demandé, afin de répondre au besoin. C’est un point de tension, car Liberty Media fait du budget plafond son socle de réussite présent et futur. Des ajustements ne peuvent, selon sa doctrine qu’être ponctuel. Sauf que les équipes, veulent que cela soit permanent, pour suivre logiquement l’évolution du calendrier. On annonce un surcoût estimé à 10 millions d’euros par saison.
Enfin, intervient la Fédération Internationale de l’Automobile. Son président, Mohamed Ben Sulayem estime que 24 courses est le maximum qu’elle peut subir humainement et surtout économiquement, car plus de course signifiera un doublement des équipes de commissaires. L’intervention de la FIA et de son président est politique et sous-entend qu’il faut que Liberty Media propose un accord financier pour aller au-delà, sinon, pas de signature aux Accords Concorde 2026/2030.
C’est tout l’enjeu autour des calendriers F1 futurs, à savoir les négociations des prochains Accords Concorde. Des équipes veulent plus de latitude dans le budget plafond, une FIA qui souhaite un accord pour suivre et Stefano Domenicali qui en se plaçant comme il se place, fait échos à la charge mentale des équipes en étant de leur côté, comme pour apaiser les choses. Une stratégie somme toute.
Si les deux premiers points ne devraient pas poser de problème car relevant du financier, le troisième relève du délicat. La récente attaque du Daily Mail, relayé par des médias espagnol et allemand sur le bilan Domenicali et ses ambitions ont étonné. Le fait que Liberty Media n’ai pas atteint 25 courses en 2025 (comme prévu) est principalement dû à des questions politiques et de santé, c’est une déclaration de bonne foi pour obtenir le chiffre de 35 GP dans la prochaine signature. La charge des médias britanniques (indiquant des remplaçants potentiels comme Zack Brown, Christian Horner et Toto Wolff), relève ainsi de la diversion. l’italien est en fin de contrat en 2025 et nous savons déjà qu’un nouveau contrat de plus de 8 millions d’euros par an est déjà en place. Mais, il attend les signatures. Des signatures qui seront visibles une fois les Accords Concorde signés. Un alignement des planètes qui relève du délicat désormais et qui laissera assurément et probablement des traces.