Lorsqu’en Février 2024, l’annonce du transfert de Lewis Hamilton chez Ferrari faisait le tour du monde, vaporisant une vague d’émotion importante. Une personne n’était pas vraiment heureuse de la situation dans son bureau de New York, car avec cette annonce elle perdait 40 millions d’euros de commission. Penni Thow n’avait pas été impliquée dans le transfert Hamilton/Ferrari. En parallèle, Eddie Jordan, mandaté par l’ingénieur Adrian Newey a signé le plus gros contrat de l’histoire pour un guide technique avec Aston Martin F1 Team. Permettant à son agent irlandais, fin négociateur, d’empocher 21 millions d’euros de commissions. Deux histoires d’agents qui démontre l’évolution du métier dans l’univers de la F1 et surtout la fin d’un récit débuté il y a une trentaine d’année.

Avec l’essor économique de la Formule 1 depuis le début des années 1990, le métier d’agent a permis une formidable ascension des salaires des pilotes. Présenté comme des artisans, souvent des anciens pilotes ou des avocats, les agents ont l’image de professionnels maître tout puissant du marché des transferts, travaillant dans l’ombre, fins négociateurs, assistants personnels, voir planificateur de carrière, avec un sens avisé du commerce et du marketing. Si en partie tout cela est vrai, le trait est largement grossi.

Agent de pilote en F1 c’est trois activités : la première est dans l’imaginaire la plus importante consistant à établir des ponts informels entre les patrons et les pilotes, la seconde est la génération d’idées pour le développement du business et de l’image du pilote et la troisième est écouteur critique, conseillant le pilote sur son avenir.

Ecclestone, McCormak et Jakobi, les pionniers

La légende du métier dans le paddock a trois pères. Le premier est Bernie Ecclestone, qui en 1958 d’abords a été le secrétaire du pilote anglais, Stuart Lewis-Evans. Ecclestone pouvait à l’époque être considéré comme un notaire et conseiller des activités de son client. Après la disparition en course de Lewis-Evans, l’homme qui deviendra tout puissant en Formule 1, reviendra comme agent de Jochen Rindt en 1967. Permettant à ce dernier d’obtenir un contrat record de 100.000 dollars avec Team Lotus en 1968, puis après la disparition de Rindt lors du tragique GP d’Italie à Monza 1970, Ecclestone décida de racheter l’écurie Brabham et de s’offrir un autre destin en prenant la direction de l’association FOA (Formula One Association).

Ce contrat Rindt/Lotus avait fait réagir le pilote écossais Jackie Stewart, qui demanda à son agent, l’avocat américain Mark McCormak (et sa société IMG), de lui trouver un accord équivalent avec Ford et Tyrrell. Mission accomplie dès 1970. Mark McCormak avait créé sa société IMG en 1960 pour gérer la carrière du golfeur Arnold Palmer. C’est cette union qui va inventer le concept de marketing personnel pour un sportif. Si Palmer avait signé un deal de 5.000 dollars à l’époque avec l’équipementier Wilson, Jackie Stewart avait signé un accord d’une valeur équivalente avec Rolex. Un accord qui est toujours visible aujourd’hui. IMG est devenu ensuite un empire d’une valeur de 1,4 milliards de dollars à la mort de son fondateur, avec dans son portefeuille les plus prestigieuses stars du sport : Tiger Woods, Serena Williams, Monica Seles, Bjorn Borg, John McEnroe, Chris Evert et Martina Navratilova, mais également Heidi Klum comme top model, le couturier Ralph Lauren, voir le Pape Jean Paul II et elle a servit d’incubateur à son agent F1 le plus prestigieux des années 80 ; Julian Jakobi.

Gérant pour le compte d’IMG la carrière du tennisman Bjorn Borg dès 1977, à son arrivée dans l’agence américaine, Julian Jakobi avait permis au suédois de devenir un véritable homme sandwich marketing, suite à sa première victoire à Rolland Garros. Bombardé à la tête de la branche monégasque d’IMG, Jakobi va grimper les échelons pour devenir une décennie plus tard, le vice-président international. Le lien entre IMG et la F1 datant de Stewart, puis James Hunt et la plupart des pilotes britanniques, c’est avec Alain Prost en 1982 que tout bascula. Le pilote tricolore confia la gestion de son image et ses contrats publicitaires personnel à des professionnels. A l’époque la branche automobile d’IMG était sous la direction de l’ancien pilote, Jochen Neerpasch. Une branche qui n’avait pas beaucoup décollée et qui souffrait d’un manque de considération de la plupart des pilotes britanniques à l’époque. Martin Brundle avait claqué la porte de l’agence avec forte publicité, pour le manque d’intérêt de cette dernière pour lui. Le pilote anglais prenant la décision de gérer sa carrière seul. Alain Prost sauva l’avenir de la structure. Puis arriva l’année 1985.

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