L’hélicoptère survolait la Mer Méditerranée après un décollage de Bonifacio. Au manche de l’appareil, Le Prince Ibrahim, qui l’avait loué le temps d’une journée. Direction le Golfe d’Alghero. A 3 000 pieds, le regard se perdait dans les profondeurs de la « Mer Blanche du Milieu » comme surnommaient dans le passée les peuples arabes, la plus grande mer intercontinentale du monde.
Au loin, se dressait une villa. Située dans une position panoramique sur son propre promontoire. Vue sur la mer. L’hôtel particulier de son ami russe, Dimitri Kombarov. Désormais en exil depuis la Guerre en Ukraine il a trouvé, refuge dans ce somptueux écran du golfe d’Alghero.
Le Prince songea a son ami, dépossédé de ses biens de petit oligarque, par un gouvernement croyant son propre récit. La Guerre en Ukraine a accéléré la chasse aux derniers oligarques. Kombarov, basé à Saint-Pétersbourg était jeune et innovant. Mais face à la machine du Kremlin, il était un peu trop indépendant. Lors d’un rendez-vous avec le président Poutine, ce dernier a demandé dans un souffle qui a glacé le sang de Kombarov, qu’il serait judicieux d’évaluer le prix de ses entreprises en Russie. Il a été fixé à 2 milliards. Il ne recevra que 500 millions et un exil.
Au moment où l’appareil se posa, deux hommes en habillé en noir, contrastaient avec l’ambiance baignée de soleil. Ils étaient armés d’un fusil mitrailleur. Malgré la première impression, Le Prince a été accueilli avec chaleur par l’un des deux hommes :
– Bonjour Monsieur, vous pouvez rejoindre notre patron, je m’occupe de votre hélicoptère.
Le sourire de Dimitri était communicatif. Sa villa somptueuse, Le Prince devait l’avouer avec une pointe d’envie.
– 36 millions elle m’a coûtée, si tu te demandes, 25 chambres sur des milliers de mètre carré, j’ai même failli m’y perdre et j’ai préféré habiter un temps dans l’annexe,
Il explose de rire.
Installé face à face dans l’annexe, reconverti en salon de travail pour visiteur, sobrement meublé de blanc, Kombarov sert du thé glacé du bar. Il fait encore chaud en cette fin septembre, surtout au plein milieu de la Mer Méditerranée en Sardaigne. Qui n’était pas touchée par le vent.
Le Prince décide d’attaquer la conversation en premier.
– Comment se déroule ta nouvelle vie ?
– Très bien, c’est justement pour cela que j’ai demandé à te voir. Tu as des affaires avec le Vietnam ou la Corée du Sud ?
Avec son consortium Kinium, il avait eu affaire aux autorités Vietnamiennes. Concernant la Corée, il avait abandonné les projets là-bas depuis une dizaine d’années maintenant.
– Tu sais que l’économie russe est repartie ?
– Oui, elle exporte son pétrole en Chine et l’Inde en gagnant des centaines de milliards, c’est d’ailleurs une situation tendue en Europe à ce propos. Certaines entreprises allemandes, passent par la Turquie pour continuer de fournir des équipements à la Russie. La compétitivité avant tout…
Kombarov m’estima.
– En effet… Mais c’est comme souvent la partie la plus facile à voir. Moi je te parle du circuit financier. Celui que le pays a mis deux ans à reconstruire et qui va faire des ravages en 2025.
Le Prince resta silencieux. Il comprenait le lien que son ami voulait faire au début de la conversation et décida de la laisser continuer.
– Je vais te raconter une histoire mon cher Ibra. C’est celle d’une entreprise en Afrique qui se fait racheter par un fond d’investissement Luxembourgeois. Ce même fond Luxembourgeois est la propriété d’une société, ou deux d’ailleurs peu importe, qui sont dans une ile exotique. Cette même société est la propriété d’un fond d’investissements Chinois, spécialisé dans les acquisitions extérieures. Mais, ce même fond d’investissements est en réalité une filiale du fond souverain chinois. Ce schéma que je t’explique, c’est ce qui se passe depuis deux ans en Russie.
– La Russie a construit un réseaux pour lancer une guerre économique ?
– Oui.
– En Angleterre, il y a un statut intéressant, qui est la société en commandite écossaise (LP), c’est un statut opaque, mais discret. Pas de dépôt à Compagny Houses. Depuis la guerre, 45 sociétés ont été créé. Une explosion donc. Et je peux te dire que cela sert à importer du pétrole russe dans la chère Angleterre en Brexit.
– 45 sociétés ? mais c’est énorme.
Le Prince ne pu retenir sa surprise.
– Pour un total de plus de 17.000 importations en Angleterre depuis 2022 oui…
Le chiffre est lâché au milieu de nulle part. Dans un silence pesant. Kombarov décide de continuer son histoire.
– En fait, je peux te dire que le circuit des finances russes va passer désormais dans d’autres pays, comme le fait le système chinois. Et la Corée du Sud et le Vietnam ont ou vont bénéficier de milliards de dollars ou d’euros pour développer leur économie extérieure.
Le Prince Ibrahim réfléchissait. Cela pourrait avoir un impact certain. La voix de Kombarov le remet dans la conversation.
– Tu remarques que le Vietnam et la Corée du Sud souhaitent revenir en F1 avec un circuit ? d’où vient l’argent ? Pareil, je peux te dire qu’il va y avoir un raid boursier de société de ces pays sur le secteur du luxe.
Après avoir pris une gorgée de Thé glacée, Dimitri Kombarov planta ses yeux acier dans ceux du Prince Ibrahim. Le sourire en coin.
– Bon, on parle affaire ?
Le Prince, tourna la tête en direction de la Mer Méditerranée, et estima qu’elle était bien calme. Après plusieurs mois d’absence à gérer ses affaires et diversifier en urgence son portefeuille de sociétés, suite à la guerre en Ukraine. La Russie était de retour aux affaires sportives.
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