… LA VERSION NOTA
- Williams Racing et James Volwes ajoutent des clauses de rachat, dans les contrats de ses pilotes
- La pratique est une copie du modèle Jordan GP dans les années 90
- Cela permet de protéger son projet sportif surtout
… LA VERSION LONGUE
Le possible rachat du contrat Williams de Franco Colapinto et les révélations des contrats de Albon et Sainz, construisent l’image d’un James Volwes, roi de la négociation. Mais en réalité, le modèle Williams de Volwes est juste une copie de l’équipe Jordan des années 90.
20 millions, c’est le prix que devra débourser Red Bull (ou Alpine) pour obtenir le concours de Franco Colapinto en 2025. Une libéralisation qui n’a plus été vu depuis 20 ans en Formule 1. Date ou Honda a racheté le contrat Williams de Jenson Button pour 30 millions d’euros (à l’époque). Nous étions en 2005. Cette épisode avait d’ailleurs été la conclusion d’une parenthèse d’une décennie sur les rachats de contrat pilote et cette potentialité d’en faire un modèle économique alternatif.
Retour dans les années 90. Lorsque Eddie Jordan signe Michael Schumacher pour une course, il obtient en compensation Roberto Moreno pour deux courses et un chèque de Benetton Formula de 500.000 euros. Cette épisode a créé la structure de contrôle des contrats de la FIA (alias le CRB) en 1992 à Lausanne. Cette épisode va marquer le manager irlandais, qui va construire un modèle alternatif unique : la vente de contrat de ses pilotes.
Le cas Jordan Grand Prix
Lorsque fin 1993, le départ d’Ayrton Senna de McLaren est acté, Ron Dennis contacte rapidement Eddie Jordan pour obtenir le concours du jeune Rubens Barrichello. L’irlandais est d’accord pour céder son pilote. Mais à la condition que McLaren débourse 5 millions de dollars (10 millions de dollars d’aujourd’hui). Une somme qui était jugé trop élevé et l’accord a échoué. Mais, elle a bien fonctionné pour Ferrari et Jean Todt fin 1995, pour racheter le contrat d’Eddie Irvine pour 5 millions de dollars (10 millions de dollars d’aujourd’hui). Mais également pour Barrichello chez Stewart en 1997, pour 1 million de dollars.
Elle a également bien fonctionné pour le rachat du contrat par Benetton Formula du contrat de Giancarlo Fisichella fin 1997 et du contrat de Ralf Schumacher par Williams fin 1998. Il avait même essayer (en vain) de vendre le contrat de Takuma Sato à McLaren en 2002. Sa dernière véritable tentative. Dans l’ensemble l’argent avait servi à moderniser l’écurie irlandaise, par l’achat d’une soufflerie et d’agrandir l’usine de Silverstone. Cette stratégie a permis aussi de grandir sportivement et d’atteindre en 1999 la 3ème place du championnat constructeur (après la 4ème place de 1998). Au total, Eddie Jordan a encaissé sur la période 1995/1998, un total de 12 millions de dollars de ventes de contrats pilotes (22,5 millions de dollars d’aujourd’hui).
Mettre une clause de rachat de contrat était alors une pratique devenue assez courante pour les écuries de milieu de grille à partir de cette époque. Même si cela n’était jamais vraiment activé, cela avait surtout valeur de dissuasion envers une équipe rivale et protéger son avenir sportif avec un pilote de talent.
Le cas Williams Racing
C’est cette logique qui a animé James Volwes dans la rédaction du contrat actuel d’Alex Albon. Le pilote anglo-thaïlandais, ayant signé un contrat initialement de deux saisons (2022/2023) avec l’équipe de Grove, une prolongation pour 2024 a été signé lors de l’arrivée de Volwes en 2023, qui a ajouté une clause de rachat de 10 millions d’euros. Ce qui a refroidit Ferrari et Red Bull en ce début de saison. Pour la prolongation de son contrat jusqu’en 2027, la clause serait de 15 millions, mais uniquement pour la première année de contrat.
Il est entendu que Carlos Sainz disposerait également d’une clause de rachat estimé entre 25 et 40 millions d’euros, mais également de clauses lui permettant de sortir si les équipes Mercedes et Red Bull désignent un intérêt courant 2025. Mais en vendant Colapinto, Volwes et Williams se protège de cela du côté de l’équipe autrichienne du moins.