Rwanda
Pays aux mille collines.
Peuple millénaire et agricole.
Nouvelle base du Prince Ibrahim en Afrique.
Le Praetor 600 foule les 3200 m de tarmac.
Une bonne journée de trajet et un paysage d’oasis à l’Est de l’Afrique.
Le vert est la couleur dominante, même si le bêton pousse deux fois plus vite que les arbres.
Aéroport International de Kigali.
On dirait un stade américain dans son architecture.
Spectaculaire.
Malik, le chauffeur, toujours aussi chaleureux, nous attends, moi et Sir Richard Brown avec la Porsche Taycan Sport T, à quelques centaines de mètre du hangar abritant le jet privé du prince.
Le bolide allemand est blanc.
Décidemment le prince est toujours aussi prévisible dans ses goûts.
La puissante berline électrique quitte l’aire de l’aéroport pour prendre la KN3 Boulvard. Oubliant les immeubles qui chassent les villages et les petites habitations, par des maisons européennes dernier cri. Des lotissements se construisent toute les semaines dans ce coin du monde.
La double voie est séparée par de jeunes palmiers.
Le rythme est soutenu, comme toujours.
Malik est joviale au volant. Demandant si j’ai fait bon voyage et me demandant si je me suis entrainé au tir à longue distance.
Au rond-point, transformé en square vide, l’anarchie typique des pays en développement rapide. Des véhicules partout, surgissant comme sur la place de l’Etoile à Paris.
La puissance du Taycan fait la différence pour s’insérer et s’extraire du tourbillon et entrer dans la ville.
A gauche, des tableaux couleur bleus. J’ai juste le temps de distinguer un paysage et un singe.
Malik accélère.
Le bleu et le vert nature sont les couleurs dominantes, fusionnant avec la vitesse l’une avec l’autre.
Les travaux sont masqués par de gigantesque panneau « Visit Rwanda » et se dresse au « Stop » l’immeuble de la BPR Bank, en verre jaune et bleue. Symbole des bâtiments du quartier.
Dans une petite route étroite, la KN 4 Avenue.
Villa Robero.
A quelques centaines de mètre des Ambassades de Chine, Suisse et Belgique.
La Villa, sur deux étages avec piscine, entourée de palmier, contraste par sa couleur rose et blanche. L’ensemble se mariant assez bien avec la pelouse et la verdure ambiante, aussi lisse d’un green de golf.
Un endroit idéal pour la discrétion.
Le prince nous attends, joviale dans cet endroit du monde ou l’hivers n’existe pas. Tout le contraire de l’Europe en ce moment.
– C’est rare de vous voir ensemble ! Je suis ravis de vous accueillir pour quelques jours.
Il est vrai que la saison a été épuisante pour tout le monde. J’ai encore mal à la tête et mon corps peine à retrouver sa vigueur d’avant (voir pourquoi dans Mimesis – Versus). Sir Richard Brown, lui a besoin de changer d’air, la Place Concorde n’est pas l’espace le plus favorable pour respirer, bien au contraire.
Il y a une semaine, la Fédération a tenue son Assemblée Générale ici dans le pays aux mille collines. Pourtant en proie à de grave problème sanitaire avec sa population. Mais pour l’élite rien n’est trop beau.
– Nous allons avoir un match de haut niveau entre l’Afrique du Sud et le Rwanda pour l’organisation d’ici 2027 d’un Grand Prix sur le continent africain.
La voix du Prince, bon informateur de la situation du continent depuis bientôt deux décennies a décidé d’aborder rapidement le sujet. Qui sera l’élu du GP d’Afrique ?
Je décide de prendre la parole
– J’ai entendu que l’Afrique du Sud allait lancer un comité d’étude. Des chiffres sont tombés, ils estiment à plus de 100 millions d’euros par an, le gouvernent ne paiera pas la facture d’une course annuelle de F1, mais il y a des sponsors et un groupement immobilier du pays qui mobilise déjà plus de 21 millions d’euros de fond, pour la modernisation de la piste de Kyalami, voir construire une nouvelle piste. En fait il y a deux candidats en Afrique du Sud, celle de Kyalami et celle de Langa Lethu South Afrian Grand Prix Bid Group, les hôteliers en question et cette piste sera sur la côte ouest du pays, proche de l’aéroport du Cap et destinée à accueillir 100.000 spectateurs par course.
– Donc il y aura un appel d’offre et le gouvernement fera le choix entre les deux projets ? estima Sir Richard Brown.
J’acquiesce.
Prince Ibrahim enchaine après nous avoir servis les boissons
– Ce qui m’interpelle c’est les chiffres annoncés par l’Afrique du Sud. Ici au Rwanda j’ai entendu plutôt 50 millions d’euros par an pour l’organisation d’une course et la construction d’une piste qui coûtera 45 millions environ. Cela n’a rien à voir donc.
En effet, c’est du simple au double, comme si déjà les jeux sont fait pour le Rwanda.
– Juste avant l’accord avec la FIA, le gouvernement a réunis une sortie de club des hommes d’affaires du pays, j’en ai fait partie, pour présenter un projet pour son économie. La logique ici est une croissance économique rapide. Le pays a signé un accord pour l’exploitation d’une mine de Lithium en début d’année, il y a pour 150 milliards de dollars de richesse minière. Toutefois il y a cette histoire d’exploitation illégale de mines de la République Démocratique du Congo, ici l’essentiel est soutenu par l’Etat, qui en fait un projet important et souhaite montrer qu’il est un acteur du continent.
– Pourtant le Rwanda n’a aucune expérience dans l’organisation d’un grand événement à l’impact mondial ? demandais-je
Le Prince était d’accord, mais il pense que justement, l’implication d’un pool d’hommes d’affaires du pays est destiné à s’entourer des meilleurs personnes ou entreprises pour compenser.
– Le projet Rwanda sera pour 2029, car il y a tout à faire niveau infrastructure, pas avant. Cela va coûter 1 ou 2 milliards au total, une somme énorme donc. Sauf que c’est déjà compensé par l’accord de migration signé en Avril avec le Royaume-Unis, qui va permettre d’obtenir de la main d’œuvre et d’un certain dynamisme dans le pays. Estime le Prince.
Ecoutant l’échange entre le Prince et moi, Sir Richard Brown sirotait son thé glacé. Il fait 26 degrés aujourd’hui, le soleil est à son zénith, malgré les lourds nuages, annonçant un changement d’ambiance d’ici quelques heures.
– Je pense que le Rwanda a une stratégie pour séduire Liberty Media, afin que leur course soit gérée et présentée comme Las Vegas. Un événement du calendrier. Cela expliquerait aussi la différence de tarif entre les projets africains, ici, Liberty toucherait directement le prix des places et des sponsors, tandis qu’en Afrique du Sud, elle touchera, comme les autres dans le calendrier sa licence. Une belle somme d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, beaucoup pensent que la position du Rwanda est une ruse, pour faire parler d’elle à moindre coût. L’influence des médias F1 augmentent et c’est une belle opération de soft power pour le pays et le président Kagame. A-t-elle assez d’argent pour ce projet ?
Les regards se tournent vers le Prince Ibrahim, qui hésite.
Ainsi, il faudra attendre un bon moment pour encore avoir une course en Afrique. En attendant profitons de la chaleur pour recharger les batteries et préparer l’année 2025 en forme !
Bonne fête à tous !