… LA VERSION NOTA
- Fin des grandes annonces de communication et projections sportives des équipes de F1
- Renault, via Alpine F1 Team illustre bien cette ancienne méthode qui transformait un projet en communication.
- Ross Brawn a introduit une méthode à son arrivée fin 2007 chez Honda, qui est désormais la norme de redressement.
… LA VERSION LONGUE
Est-ce la fin des grands plans de communication des constructeurs ? Audi n’annonce rien, Cadillac non plus, Alpine tourne la page du projet des 100 GP, Ferrari a une communication absente tout comme Aston Martin d’ailleurs, et Mercedes AMG reste prudent. L’époque des annonces et projections est ainsi révolue.
Vous vous souvenez du plan de 100 GP d’Alpine F1 Team ? c’était en 2021. L’objectif de Laurent Rossi était d’être au niveau de la victoire et titre en 2024. Loin sans faux, les ambitions se sont crashées en interne. Le retour de Flavio Briatore relance les objectifs. L’italien a annoncé viser les podiums en 2026 et le titre en 2027. Cela prête à sourire. Mais, l’homme avait annoncé en 2001, à l’époque de Renault F1 Team, que le plan était une 4ème place au championnat du monde en 2003, 3ème en 2024, la victoire en 2005 et le titre en 2006. Briatore applique ici la même méthode, avec une restructuration en 2024, un objectif modestement annoncé par Pierre Gasly de terminer 5ème au championnat constructeur en 2025.
Depuis son retour en F1 comme équipe en 2016, Renault SA a changé 5 fois sa stratégie autour du projet F1. Passant d’un projet inspiré de Mercedes à celui de l’héritage du passée, à celui de l’accélération de l’héritage pour finir par une inspiration du projet Lotus F1 aujourd’hui autour de la marque Alpine. Une instabilité stratégique court terme qui interroge sur la capacité de la marque à construire un projet solide. Reste la phrase d’Alain Prost en février 2016, lors de la présentation de l’équipe : « Il n’est pas pour Renault impératif de devenir champion du monde. Renault est une équipe de pointe. Pour nous le titre mondial est un plus. » Relançant une idée entrevue il y a vingtaine d’année maintenant avec Eddie Jordan et son écurie Jordan Grand Prix, qu’il faut être structuré comme un top team, être un prétendant à la victoire et se développer politiquement dans le paddock. Mais cela n’était que du marketing. Le résultat structurel (hormis augmenter le personnel pour être au niveau des rivaux) et industriel présentaient un outil vieillissant et des méthodes inspirées d’ailleurs, mais n’ayant rien à voir avec l’héritage de Benetton et Renault depuis 35 ans.
L’évolution de la planification en F1
Oliver Oakes a indiqué dernièrement une phrase qui interroge et montre l’état d’esprit général lorsqu’on construit une équipe : « il n’y a pas de plan directeur de la part de Renault, et c’est ce qui distingue la situation actuelle du passé. Nous devons simplement nous améliorer. Nous devons être une équipe bien gérée. » Pas de plan directeur donc.
Souvenir de 1994, lorsque Jean Todt est arrivé à Maranello, c’est un business plan de cinq ans qui a été l’outil central du redressement. Il fallait tout reconstruire, mais aussi contrôler. David Richards avait fait la même chose chez BAR-Honda a son arrivée fin 2001. Cela consistait à débuter par des objectifs clairs et buts communément définis. Puis une ouverture d’esprit et confrontation d’idées (ce que beaucoup d’équipe comprennent pour de l’agressivité). Ensuite le soutient et confiance entre les personnes du groupe. Viendra après, la coopération entre les membres, mais confrontation d’idées sans nuire à l’équilibre de l’ensemble. Ce qui impose des procédures saines, des dirigeants en phases avec les circonstances et une remise en cause régulière des performances (un facteur clé qui, s’il est inexistant, peut nuire à n’importe quel projet). Arrivera pour finir un bon sens du développement personnel et de la contribution apportée par chacun des membres et enfin des rapports efficaces avec les autres équipes.
Puis Toto Wolff en 2014 a fait évoluer le processus de base en ajoutant un agrément des conditions de travail en proposant au personnel, des professionnels extérieurs qui vont travailler sur différents aspects des membres de l’équipe. L’environnement de travail est analysé et trois axes sont privilégiés : la nutrition, le sommeil et le sport pratiqué. Cette époque semble révolue en F1. La méthode d’aujourd’hui, était celle de Ross Brawn à son arrivée chez Honda, fin 2007.
La stratégie Ross Brawn
L’ingénieur anglais c’est concentré sur la canalisation des énergies et compétences de l’écurie. Brawn découvre une équipe en manque de confiance dans sa direction, qui elle-même n’était pas claire et une culture du « c’est de la faute de ». L’ambition était dans sa première année de mandat (2008) d’unifier l’écurie. Un mini projet de trois ans a été mis en place : La première année pour comprendre les forces et faiblesses de l’équipe. Une année pour tout remettre en place et une année pour récolter les fruits du travail. Remarquez : il n’y a pas d’objectif de résultats.
Juste cela.
Ainsi chez Alpine, Flavio Briatore applique la méthode. Zak Brown l’a fait également avec McLaren et l’a même développée en culture interne. Fred Vasseur s’en inspire, Toto Wolff, applique la méthode depuis 2023 et Lawrence Stroll a décidé de l’appliquer depuis l’an dernier après les mauvaises performances de son équipe. Oubliant son projet initial qui était basée sur un plan de 5 ans. Et avant qu’Adrian Newey ne développe la monoplace 2026 propulsée par Honda, afin de lancer un autre plan. Ainsi, le plan de Brawn sert de boussole intermédiaire car il n’indique aucun objectif tangible. S’applique en trois ans. Une année n’est pas une saison. Cela libère la pression et permet de se concentrer sur l’amélioration des performances de la monoplace.
Ce qui explique pourquoi les équipes ne communique plus sur des objectifs, une planification classique, comme auparavant. « Nous devons simplement nous améliorer. » indique Oliver Oakes, cette phrase prononcé par Fred Vasseur à son arrivée en 2023, Zack Brown et Andrea Stella en 2022 et Toto Wolff en 2023 raisonne comme un mantra. Vous savez ce que cela signifie désormais.
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