Au cœur du quartier des théâtres de Londres, dans le West End, le Garrick Club présente une façade assez anonyme. Pourtant, dans cet antre « men only », de 1500 membres, se croisent des politiques et des personnalités du monde des médias.
Sir Richard Brown a toujours tété fasciné que son contact, banquier à la City, ait un abonnement dans ce club, plus punk que l’ambiance feutré du milieu des affaires ou le costume sur mesure, la chemise bleue à rayure blanche avec un col italien, s’accompagne d’une cravate en laine, made in Scotland. Tout est gris ou noir, sans folie. Au Garrick, les costumes ne s’accompagne pas de cravate, tout le monde est naturellement bien habillé, mais plus détendu.
Sir Gerald Walls, m’attendait sur un fauteuil au fond de la Bibliothèque de l’établissement. Les tapis victoriens rouge, se marie avec le noir des cuirs et le bois d’ébène des étagères, regroupant une série d’ouvrage à la couverture cuir rouge. Des ouvrages d’Oscar Wilde et des classiques de la littérature anglaise du 19ème siècle. Des manuscrits originaux aussi. Dans la pièce deux hommes échangent cinéma à une table.
– L’homme en costume rayé, c’est un producteur de Londres, spécialisé dans les productions pour la BBC et dernièrement pour Amazon Prime via la MGM….souvent des drames d’ailleurs.
Sir Richard Brown reste fasciné par la simplicité du rendez-vous pour présenter une œuvre que des millions de personnes vont découvrir quelques plus tard au cinéma, à la télévision ou sur une plate-forme en ligne.
Sir Walls commandant deux cafés noirs, les deux hommes s’installent face à face, une petite table à leur côté.
– Tu m’as fait venir d’urgence Gerald, c’est assez rare, pour que je puisse faire aussi vite que j’ai pu pour être présent.
– Oui je sais, Richard, d’autant que tu dois avoir du travail avec la reprise de la saison F1 et c’est Monza ce week-end, important pour Ferrari… d’ailleurs, Banco Santander va se retirer, et UniCrédit va s’afficher grandement sur les monoplaces rouges en 2025.
– Je reste étonné de la stratégie de Santander, leur marché est anglo-espagnol, la présence de Lewis Hamilton aurait dû les motiver à prolonger avec Ferrari.
– En réalité, estima Sir Walls, la banque est ciblée depuis quelques mois, dans une enquête sur le financement automobile, Santander UK aurait été utilisée par des entreprises en lien avec l’Iran pour contourner les sanctions américaines. L’ambition est surtout de faire oublier ce lien et renforcer l’aspect espagnole de la marque et miser surtout sur la filiale OpenBank aux Etats-Unis, une banque 100% digitale.
On nous sert le café, je regarde le buste en marbre blanc de David Garrick, acteur du 18ème siècle, considéré comme le premier acteur moderne de théâtre sur la place Londonienne. Le club est un hommage à cet artiste pionnier.
Dégustant une gorgé de son café, Sir Walls, regarde distraitement autour de lui, sans croisé le regard de Sir Richard Brown, avant de prendre la parole
– Je ne t’ai pas fait venir pour parler de Santander, mais pour te parler d’Alpine… J’ai appris qu’il y avait de l’agitation au niveau du capital de l’écurie dernièrement.
L’introduction captive Sir Richard Brown, qui prend une gorgé de café, avant de reposer la coupe en porcelaine victorienne. Laissant Sir Walls continuer son récit.
– Lorsqu’en 2023, des investisseurs ont accepté d’injecté plus de 200 millions d’euros contre 24% du capital, il y avait des clauses. La première est que l’écurie française était un constructeur châssis et moteur, garant de la valeur. Avec l’ambition que l’écurie française, considéré comme la Ferrari française présente une valeur marchande équivalente à 50% de Ferrari.
Soit 2,5 milliards d’euros environ, songea Sir Brown.
– La deuxième clause indiquait qu’un pourcentage sur les droits TV qui est reversé. C’est la norme depuis la COVID-19 dans le milieu, c’est un investissement avec retour sur investissement. Pour le cas qui nous intéresse, c’est 12% environ par an, selon nos estimations.
Ce n’est donc plus un investissement dormant, qui attend une possible vente à moyen terme pour obtenir une plus-value. Un prélèvement est désormais fait sur une décennie. Comme pour les ligues de football et la fédération Néo-Zélandaise de Rugby. C’est la nouvelle norme, c’est un prêt avec retour immédiat, estima Sir Richard Brown.
– Toutefois, concernant la clause, elle est calculée à partir du moment ou l’écurie termine chaque saison 4ème du championnat des constructeurs. Comme en 2022.
– Et si elle ne termine pas à cette place comme en 2023 ?
– Et bien le constructeur devra donner la différence. Visiblement cela a été fait l’an dernier, mais pour 2024. Cela représentait 1,5 millions. Cela allait, mais avec cette 8ème place au championnat potentielle, cela représentera une différence de 35 millions et il n’y a plus cette volonté de combler. Ainsi, on a fait discrètement appel a des établissements de la City et des investisseurs connus du paddock, comme Nico Rosberg, par exemple, pour combler 2024 et 2025.
– On parle ainsi de combien d’argent ?
– Environ 10 millions d’euros au total pour 24 et 25.
Le producteur et le scénariste quitte la bibliothèque du Club Garrick, des sandwichs au thon arrivent sur un plateau roulant.
Sir Richard Brown analysait l’échange avec Sir Walls, ce dernier, une fois le serveur quittant la pièce s’approcha, pour établir une confidence.
– Le constructeur va démentir, tu verras Richard, c’est normal, l’équipe n’est pas à vendre. Mais, un accord a été conclu avec ses investisseurs, dans le cas ou elle n’est plus motoriste, sur le modèle de Ferrari : Le pourcentage sera prélevé, quelque soit le classement au championnat du monde des constructeurs à partir de 2026. Mais, une plus grande partie des droits TV ne viendront pas renforcer le budget de l’écurie pendant un long moment.
Prenant son sandwich, Sir Richard Brown s’amusa.
– Que la chasse aux sponsors commencent !