La dernière fois qu’un vaste mercato des ingénieurs a eu lieu c’était entre 2000 et 2001. A chaque fois, que cela arrive, un profond changement intervient. Mais, alors qu’auparavant, une telle révolution du marché des cerveaux marquait pour 20 ans, les esprits de chacun, nous entrons dans une accélération du temps et des tendances.
Depuis le début d’année, l’expression « congé de jardinage » est associé à chaque transfert d’un ingénieur stratégique, d’une écurie à une autre. Ce moment suspendu, accompagné d’une démission de l’ingénieur, peut atteindre douze mois. Le principe est apparu en 1980, lorsque Ron Dennis, avait proposé un contrat de deux ans à John Barnard, pour 40.000 dollars pour la première année et la même somme, pour ne rien faire si le projet F1 de Project Four Racing, n’allait pas voir le jour.) Le projet P4 Racing est devenue McLaren P4 en 1981 et le premier châssis carbone est lancée.
Depuis la fin des années 70 et jusqu’à la fin des années 90, recruter/garder un ingénieur stratégique avait deux réponses : l’ambition et l’argent. C’est ainsi que Patrick Head est devenu actionnaire de Williams F1, Bernie Ecclestone a promis un pourcentage de Brabham à Gordon Murray et John Barnard, la même chose de McLaren au début de l’ère Dennis. Si Murray n’a jamais eu de part de Brabham (Un coup de Ecclestone), tous sont devenus millionnaire en dollars en fin de carrière. De plus, souvent, un second ingénieur devient ensuite directeur technique dans une écurie de deuxième niveau, comme cela a été le cas de Ross Brawn dans les années 80, ou même Adrian Newey en début de carrière. Les deux hommes gagnait 4 millions de dollars il y a 25 ans. Provoquant une hausse des salaires pour l’ensemble de la pyramide de l’organisation du bureau d’étude.
Un changement de paradigme dans le recrutement
Durant cette intersaison 2000/2001, les batailles étaient sombres, discrètes. La médiatisation était évité pour contrer la surenchère. La deuxième révolution est intervenue. L’argent et l’ambition n’étaient plus les principaux moteurs de décision. Deux autres indications ont motivé le plus important mercato de matière grise de l’histoire moderne de la F1 : L’indépendance créative et l’implication globale dans le projet.
C’est durant ces deux dernières décennies que les congés de jardinage étaient négociés personnellement, devant un café entre personne de bonne compagnie (souvent le patron et l’ingénieur). Un congé pouvant passer de 6 mois à 3 mois, en l’espace d’une heure. Une autre époque. L’indépendance créative et l’implication globale dans le projet a ainsi articulé l’organisation des écuries dans le recrutement. Adrian Newey a été recruté chez Red Bull en 2005, sur cette promesse. Ross Brawn aussi en 2008 chez Honda. La structuration de Mercedes GP en 2011 était le résultat de ce type de proposition de management.
Les méthodes de concournement et les conséquences actuelles
Depuis l’introduction de budget plafond en 2021, les écuries ont considérablement augmenté les rôles techniques stratégiques dans leur organisation, afin d’éviter les départs et démission. Cela n’a été qu’une parenthèse. Depuis 2023, le nombre de démission dans les écuries a augmenté. Mais, par effet domino, les congés sont de minimum 6 à 12 mois. Entre 2021 et 2023, discrètement, les consultants techniques externes (concept née dans les années 90 pour des ingénieurs ayant une expérience de conception globale d’une machine, à l’époque ou tout se spécialisait en terme d’ingénieurie), est devenue une manière de travailler immédiatement pour une autre écurie, sous prétexte d’indépendance financière. Avant de bizarrement rejoindre l’écurie cliente avec un contrat à durée déterminée de plusieurs saisons. Mais, cette situation n’est plus possible. Ainsi, avec la durée des congés de jardinage augmenté, un recrutement en 2024, n’aura qu’une réelle répercussion qu’en 2026 ou 2027. Ainsi, les noms de Cardile (ex Ferrari), Weakhley (ex Red Bull) ne sont pas attendu avant plusieurs mois dans leur nouvelles écuries. Mais, le salaire de ces personnes est toujours assuré par l’écurie quittée durant la dite période. Cela impacte leur capacité de recrutement et financière.
Le romantisme est mort
Ainsi, voici la nouvelle révolution avenir sur le marché des ingénieurs : Nous ne parlons plus de management, mais simplement de RH.
Ce concept de Ressources Humaines, va rendre moins romantique le marché des ingénieurs, en imposant des normes concernant le congé de jardinage. En voulant créer une grille de lecture, similaire à tous. Un directeur technique, ce sera 12 mois. Par exemple. Pire, l’annualité du congé risque fortement de devenir une norme, alors qu’elle avait été l’exception.
La solution de l’échange
En Formule 1 le concept de l’échange est surtout une vision des médias, mais elle n’a jamais véritablement existé, concernant les pilotes. Toutefois, le développement d’un marché des ingénieurs, similaire à ce qu’à construit le sport américain serait envisageable.
Il n’y a pas de transfert comme dans le Football (à savoir un montant de rachat de contrat), dans les sports américains, le concept d’échange est privilégier. Ainsi, si un Directeur Technique de l’écurie A, ayant un salaire de 6 millions d’euros par an, démissionne pour aller dans une écurie B, cette même écurie B doit proposer une équivalence. Soit avec deux ou trois jeunes ingénieurs, ou un seul ingénieur équivalent.
Avec ce concept, le principal argument actuel de « perte de personnel » est compensé, et la masse salariale n’est que touché. Un ingénieur à 6 millions est remplacé par 3 ingénieurs, d’une valeur équivalente. Le principe est gagnant/gagnant et réduirait instantanément le congé de jardinage. Quitte a créer une période dédiée (entre Décembre et Mars par exemple), et non durant la saison. Car que le transfert se réalise durant une période commune ou durant la saison, cela retire aussi l’impact psychologique du marché des cerveaux. Qui est devenu un élément nouveau de la bataille du développement qui s’engage depuis 2022 dans chaque écurie.