[FICTION] – Sir Richard Brown aimait le coté conservateur de son ami, l’Epouvantail. Dorchester Hôtel de Londres, immuable endroit de rencontre pour les deux hommes depuis des années. L’espace pour échanger autour d’un alcool, le plus souvent et un sandwich. Spécialité du lieu. Dans le Lobby, avec ses colonnes de marbres noires ornés d’or, confortablement installé dans les fauteuils victorien ocre et des canapés victoriens gris. Le temps s’était arrêté.

Sir Richard Brown n’avait jamais vraiment compris pourquoi son ami l’Epouvantail, aimait le rencontrer ici à chaque fois. L’homme était un ancien du MI6 en poste en Allemagne et bien d’autres endroits pendant la Guerre Froide. Il a des connexions avec l’ancien monde, qui est bien précieux aujourd’hui. Même dans son métier d’intérmédiaire dans le sport business et autres comme aujourd’hui. Le Dochester Hotel est luxueux et d’aspect Empire. Un empire déçu avec le temps.

Le sourire reptilien de l’Épouvantail faisait briller ses yeux lors qu’il commanda les deux verres au maitre d’hôtel.

Une fois servi, l’Epouvantail attaqua d’emblé la conversation.

– Normalement, une équipe nationale qui change de fournisseur sportive ne ferait pas la une des journaux, ni ne déclencherait une réaction négative majeure du public. Mais la Mannschaft, n’est pas une simple équipe et Adidas n’est pas n’importe qui pour l’Allemagne. C’est un symbole.
En effet, l’annonce la semaine dernière, selon laquelle la Fédération Allemande de Football, (DFB) avait signé un deal avec le rival américain, Nike, a déclenché une tempête politique en Allemagne. Adidas et l’équipe nationale était lié pour l’éternité.

– Pendant 70 ans les liens étaient forts. Mais tu sais l’argent n’a plus de considération. Surtout pour 110 millions d’euros par an.

La voix de l’Epouvantail était entrecoupé par une gorgée de Whisky. Après un temps de réflexion. Il reprit son exposé.

– La Fédération Allemande est a court d’argent. Les dettes sont nombreuses et le spectre des tribunaux pour une histoire d’impôt impayés, les dirigeants allemands n’avaient pas le choix. C’était signé avec l’ennemie ou la faillite.

En effet, la situation semblait courir au désastre.

– En Allemagne, lorsqu’un symbole est visé, le politique n’est jamais loin. Et c’est une déferlante depuis une semaine. Markus Sôder, le leader conservateur de Bavière sur X a estimé que pour lui « l’équipe nationale joue avec 3 bandes, c’est aussi clair que le ballon est rond et que le match dure 90 min. », Le premier ministre de l’Etat de Hesse, Boris Rhein, associant les étoiles des titres aux trois bandes historiques. Le vice-chancelier vert, Robert Habeck a lui estimé que le logo Nike équivalait à abandonner une partie de l’identité allemande de l’équipe nationale. Même le ministre de la Santé y est allé de son tweet. Tous parle du logo et du symbole. Pire, il y a des relents patriotiques, parlant de « pure patrie et non de pion dans la bataille internationale des entreprises. » sans commentaires sur cette dernière déclaration du leader conservateur.

– Pourtant c’est paradoxal. Lorsque Adidas prends des parts de marchés à Nike sur le marché du football, signant avec Chelsea, Manchester United à coup de dizaine de millions, ce n’est pas un problème. Elle est le symbole de l’exportation et de l’Allemagne conquérante à l’exportation. Mais évidemment, lorsque le rival vient sur ton territoire et que tu le perds…c’est…

– Ton Waterloo ! rigola l’Epouvantail de bon cœur. Mais tu sais ce n’est pas la première fois que cela arrive, en 2007, Nike avait proposé 75 millions d’euros par an, alors que Adidas en déboursait 15. L’argument national était solide à l’époque. Tout allait bien.

Un Waterloo en effet, une défaite à domicile qui mobilise le patriotisme nationale. Expliquant ainsi la rumeur du jour en F1 :

– La perte du symbole de la Mannschaft explique pourquoi dans la presse allemande, il y a la rumeur Adidas et Mercedes AMG F1 Team. Un symbole pour un autre symbole de compensation.

– Exactement mon ami ! Ce n’est qu’une rumeur, Adidas a perdu Kanye West avec son contrat mirobolant et surtout 1,3 milliards de dollars de baskets Yeezy invendues depuis fin octobre 2022. En réalité Adidas est au niveau de l’économie allemande. En déclin.

Sir Richard Borwn songeait au 10 millions d’euros par an annoncé par BILD pour remplacer Tommy Hilfiger et Puma dans son portfolio de partenaire. Provoqué par le départ de Lewis Hamilton chez Ferrari en 2025.

Le deuxième verre commandé par l’Epouvantail le sortait de ses pensées.

– Toute l’indignation et le réflexe du BILD vient de la nostalgie d’une époque différentes, celle des années 90/2000 pour les produits « Made in Germany » étaient à la conquête du monde. Le pays a fait le choix de la Chine comme partenaire numéro 1 de son économie. Désormais c’est la colère politique et des équations impossibles à résoudre pour les entreprises allemandes et ce n’est pas un deal de seulement 10 millions par an avec Mercedes qui va résoudre le problème. D’ailleurs QUE 10 millions, comme les seulement 55 millions que la marque proposait pour remporter le deal contre Nike. Cela montre qu’elle n’a plus les moyens en réalité.

En effet, Castore a signé un deal avec Red Bull de 30 millions d’euros par an environ pendant 7 ans. La société anglaise est nettement moins puissante que son rival allemand sur le papier. L’an dernier, Adidas était associé à Alpha Tauri pour une prise de participation dans le capital, mais devant les tarifs annoncés par Red Bull, la société allemande a reculé. Montrant ses limites financières.

– Tu prends un sandwich ?

L’Epouvantail m’indique qu’il a un rendez-vous d’affaire d’ici 30 min.

Le sport business ne s’arrête jamais.

Retrouver Sir RIchard Brown dans Cercle Concorde – Usurpation

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