« un fruit mûre », c’est ainsi que Fernando Alonso qualifie ses courses ou il se bats désormais pour la 10ème place à chaque Grand Prix. Alors qu’il était au niveau du podium en 2023. Désormais considéré comme la 7ème équipe du plateau, Aston Martin a une trajectoire assez similaire à celle de BAR dans les 2003/2004/2005.
Statistiquement, Aston Martin est à 74 pts (50 pour Alonso et 24 pour Stroll. 3 GP sur les 15 participés ont été des zéros pointés. En comparaison avec BAR, en 2005, qui après 8 courses sans inscrire la moindre unité (et deux disqualifications), a retrouvé le chemin de la performance à partir de Juillet et du Grand Prix de France. Un long chemin de croix. Après 15 courses, 25 pts ont été inscrit. Button (24 pts) et Sato (1 pt). Pourtant, si nous ajustons le système de points de 2005 au niveau de 2024. Le résultat est assez similaire.
En effet, si nous comptons que les 8 premiers a inscrire des points (comme en 2005), Aston Martin n’inscrit des points qu’à 7 reprises sur les 15 GP. Soit…8 GP sans point. Alonso aurait inscrit 37 pts et Stroll 20 pts. A titre de comparaison, Jenson Button après 15 GP, avec des points de 2024 serait à 61 pts et Sato à 4 pts, soit 65 pts. Contre 57 Pts pour Aston Martin. Assez proche statistiquement. D’autant que, comme Aston Martin en 2024, BAR visait les points de la 8ème place comme élément de base.
Analyse organisationnelle d’Aston Martin 2024
Appliquant à la lettre la lettre de mission de Lawrence Stroll, le Team Principal, Mike Krack investit désormais la nouvelle usine et la nouvelle soufflerie de Silverstone afin de faire travailler les 800 employés dans la même direction. Le temps des investissements structurels débuté en 2021 sont ainsi terminé.
Reste que l’équipe est encore jeune et doit gagner en maturité. L’évolution de la AM23, malgré un début de saison fantastique a souffert d’un manque de développement, provoquant un déclin performance au championnat du monde et sur la piste. Une mise à jour de la planification des évolutions a été le chantier à améliorer dans l’organisation 2024. C’est ainsi que le Business Book GP 2024 avait analysé la partie organisationnelle de l’écurie anglaise.
Analyse organisationnelle BAR 2005
Après la saison de la saison 2004, l’équipe BAR devait confirmer une saison surprise sur le papier. La philosophie de la 007 est celle de l’anti-feuille blanche. Le bureau d’étude misant sur la continuité et l’évolution technologique et cela n’a pas été suffisant pour rester compétitif. Les recettes étaient simples, ajoutant des conceptions avancés, mais sous la mentalité de l’astuce. En réalité, la saison 2004 a été un drame pour l’écurie, car les ingénieurs ont pris beaucoup plus de risque qu’ils auraient dû. Sur le principe du rien à perdre le succès de BAR en 2004 et ses problèmes en 2005 ont été dans son utilisation immodérée des systèmes de simulation.
Toutefois, les retards dans les évolutions, à la fois dans le calendrier et dans leur façon d’être validé, ont ralenti la progression en fin de saison 2004 et entaché le programme 2005, qui a été plus prudent dans ce domaine. Déjà dans coulisse, la saison avenir (2005) s’annonce comme difficile. L’équipe progresse, avec une saison d’écart par rapport à Renault, la croissance se profilait.
Quel avenir pour 2025 ?
Naturellement il est trop tôt pour établir un pronostique. Mais, l’équipe BAR a été racheté par Honda qui a tout changé d’un point de vue structurelle et malgré la victoire au GP de Hongrie de Jenson Button, la descente a été progressive et jamais l’écurie n’a été plus haut qu’une 4ème place en 2006. Année du changement de motorisation en passant. Dans l’usine, tout a été changé entre 2004 et 2006 d’un point de vue structurel. Mais le mal était encore présent. La culture mise en place a causé bien des soucis et il a fallut l’arrivée de Ross Brawn en 2008 pour remettre de l’ordre dans un bureau d’étude qui ne communiquait pas avec la production et qui reprochait à l’exploitation de ne pas retrouver les performances simulés alors.
La signature de Enrico Cardile comme directeur technique est une bonne signature, comme celle de Dan Fallow auparavant. Mais cela reste des aérodynamiciens et non des meneurs d’hommes reconnus. D’ailleurs, chez BAR, Geoff Willis (ex-disciple de Newey chez Williams), avait réorganisé le bureau d’étude de l’usine de manière très originale, qui a fonctionné pendant un temps, mais qui a été la cause principale des problèmes par la suite, car provoquant des silos de communication. Dan Fallow a lui aussi construit le bureau d’étude d’Aston Martin suivant sa philosophie. Cardile va hériter d’un bureau d’étude ayant une philosophie de travail qu’il sera difficile de changer. On comprend alors pourquoi Adrian Newey est indispensable pour l’équilibre du projet Aston Martin, selon le point de vue de Lawrence Stroll. Newey apportera une philosophie d’organisation et une culture. Comme Ross Brawn l’a fait chez Honda par la restructuration (son point fort).
N’oublions pas que Honda en 2006 était un navire sans pilote, une équipe technique sans génie, une organisation qui était basée sur de grands objectifs avec résultats à court termes privilégiés (pour satisfaire les dirigeants de Honda) et uniquement tournée vers le marketing de la marque Honda (qui n’était pas terrible d’ailleurs, car aucun nouveau sponsor n’avait été signé à l’époque pour remplacer la marque de cigarette de l’époque, ce qui a provoqué le programme Earthdream), pour justifier sa présence dans le paddock. Espérons qu’Aston Martin n’évolue pas de la même manière. Aston Martin est déjà fortement dépendant du pétrolier saoudien, ARAMCO (55 millions d’euros dans le budget) et cherche à augmenter la valeur de ses partenaires actuels, au lieu de construire un porfolio de partenariat autour de son partenaire pétrolier.