La situation de l’arrivée (probable) de Andretti Formula Team en Formule 1 à l’horizon 2025 ou 2026, est à comparer avec l’arrivée de Toyota il y a 20 ans. La situation est d’autant plus intéressante que le discours des équipes, actuellement présente dans le paddock est le même.
Le problème de l’investissement dans le réglement
Le sujet de fond autour d’Andretti est la partie du budget plafond qui n’était pas abordé jusqu’à présent et qui devient désormais stratégique pour l’ensemble des équipes. En plus du budget plafond classique, il existe un aspect d’investissement ses infrastructures, qui est calculé en fonction du classement des équipes en 2020, 2021 et 2022 et pour être alloué en 2024, puis 2025 à 2028.
Dans les faits, les équipes comme Red Bull, Ferrari et Mercedes auront l’autorisation de dépenser 51 millions d’euros. McLaren, Alpine et Aston Martin pourront investir 58 millions d’euros et Williams, Haas, Sauber et Alpha Tauri auront droit à 65 millions d’euros. Soit un petit bonus de 20 millions par rapport à la fenêtre autorisé de 45 millions par le règlement.
Par contre, pour la période 2025 à 2028, Red Bull, Ferrari et Mercedes auront droit à 42 millions d’euros d’investissement, McLaren, Alpine et Aston Martin, 49 millions et enfin Williams, Alpha Tauri, Haas et Alfa Roméo/Sauber pourront investir 56 millions d’euros.
Enfin, à partir de 2029 toute les équipes reviendront à un plafond de 36 millions d’euros.
Andretti n’a pas les contraintes du réglement actuel et provoque des tensions
Mais, une équipe comme Andretti Formula Team n’est pas concerné par ce plafond avant d’entrer en Formule 1. Sachant que le fond d’investissements Guggenheim Capital aurait (selon les bruits) injecté 400 millions de dollars dans le projet (dont 200 millions dans une usine neuve), la situation devient tendue pour des équipes comme Williams (qui souhaite investir 100 millions d’euros dans son usine) et Aston Martin (qui a déjà investit 200 millions d’euros dans sa nouvelle usine de Silverstone, mais dont une partie est incluse dans le plafonnement). Du côté de Sauber, la rumeur du retrait de Audi provient du personnel de l’usine d’Hinwill, qui n’entrevoie pas d’injection économique visible dans l’équipement de l’usine, pour le moment. Alors que la marque allemande a déjà payé plusieurs centaines de millions pour prendre 24% du capital du groupe suisse.
Ainsi, Williams et Aston Martin sont contre l’arrivée de Andretti. Ferrari estime qu’il ne faut pas offrir plus d’argent aux autres équipes pou investir dans les infrastructures, car sinon l’équilibre sera menacé. McLaren et Alpine souhaitent l’arrivée d’Andretti pour diverses intérêts. Red Bull ne s’exprime pas vraiment. Sachant qu’Alpha Tauri a refusé de dépenser les 65 millions d’euros d’allocation d’investissement 2024, pour se contenter des 45 millions du règlement. La situation devient confuse, mais la menace Andretti est compréhensible pour l’ensemble du paddock.
Il y a 23 ans, lorsque Toyota développait son projet F1
Une situation qui rappelle l’arrivée de Toyota Motorsport en Formule 1 au début des années 2000. En L’an 2000, les patrons d’équipes d’alors, avaient estimés que l’introduction du géant japonais allait faire exploser les budgets des équipes (à l’époque compris entre 150 et 250 millions d’euros). Les chiffres les plus fous de l’investissement nippon, étaient annoncés : 2 ou 3 milliards de dollars sur 5 ans, soit environ 500 millions par an. Plus tard, le projet Toyota était accusé d’avoir provoqué une augmentation de 30% des salaires des mécaniciens et techniciens du paddock. La signature de Mike Gascoyne pour 8 millions de dollars par an, en qualité de directeur technique, était alors supérieur au 6,4 millions que touchait chez McLaren, Adrian Newey et au 6 millions que touchait Ross Brawn chez Ferrari. Nous étions en 2004.
En coulisse, la modernité de l’usine de Cologne de Toyota (avec 2 souffleries, 2 bancs dynamiques et un simulateur), ainsi que les moyens délivrés pour parvenir en Formule 1, inquiétaient beaucoup ses concurrents, comme McLaren et Ferrari qui dominait la discipline à l’époque. Une vague conséquente d’investissements (Williams à construit une deuxième soufflerie, McLaren a eu sa nouvelle usine en 2004, Ferrari un simulateur dernier cri etc…) et politiquement obtenant des garanties auprès de la FIA (une inscription de 48 millions de dollars au lieu de 500.000 dollars) et de la FOM (l’équipe japonais n’a pas touché de droit TV de 2002 à 2004).