Qu’est-ce qu’un pilote « bâtisseur » ? telle est la question posée par Fernando Alonso et qui anime la réflexion. Toutefois, relativisons, tout cela est un mythe et le double champion du monde a illustré ce mythe.
Le début d’un mythe
Saison 2001. Dans une interview dans le F1 Magazine, Patrick Head, alors directeur technique de l’équipe BMW Williams estime ses pilotes passés et récent. En parlant de Juan Pablo Montoya, il estime que le colombien doit être plus impliqué dans la construction de l’équipe, car il a le talent de battre Michael Schumacher, mais pour rivaliser avec le pilote allemand, il faut faire comme ce dernier avec Ferrari. Bâtir une équipe autour de lui. C’est à ce moment là que le mythe est né.
L’histoire de la F1 avec deux, puis trois types de pilotes
Dans l’histoire de la Formule 1, il y a eu deux types de pilotes : Le mercenaire et le fidèle. Le mercenaire c’était un pilote qui allait dans l’équipe qui lui permet de gagner des titres. Juan Manuel Fangio a été le prototype de ces pilotes-là. Concernant le fidèle, c’était le pilote qui restait et faisait carrière dans une équipe longtemps. C’est né avec Jack Brabham en 1958/1959 avec la Cooper et sublimé par la suite par Jim Clark et Jackie Stewart, qui n’ont jamais quitté leur équipe durant leur carrière. Ainsi, on ne construisait pas une équipe autour d’un pilote, mais le contraire. C’était le pilote qui construisait une équipe autour de lui pour vaincre et permettre aux ingénieurs de rivaliser d’innovation.
Lorsque Niki Lauda arrive chez Ferrari, c’est en mode Jackie Stewart qu’il permet à la Scuderia de rivaliser et revenir au sommet. Idem lorsque l’autrichien arrive chez McLaren en 1982. Les pilotes comme Prost et Senna ont été à la fois des fidèle et des mercenaires dans leur carrière. Ces deux pilotes ont illustré la troisième voie, celle de la fusion.
Arrive ainsi Michael Schumacher. Le pilote allemand va de Jordan à Benetton et de Benetton à Ferrari. Reproduisant le parcours des Prost et Senna avant lui. Une fois chez Ferrari, la mentalité ne change pas (fin 1996 et fin 1998 Schumacher voulait partir de la Scuderia). C’est une fois le premier titre de 2000 obtenu que le modèle de la fidélité c’est installé jusqu’en 2006, mais c’est aussi durant cette époque que le mythe du « pilote bâtisseur » est né.
Quid du pilote « batisseur » ?
Alors c’est quoi un pilote bâtisseur ? Selon le modèle Schumacher, c’est un pilote qui arrive dans une équipe et qui ensuite permet à des ingénieurs de venir le rejoindre pour construire la dream team futur.
Fernando Alonso n’est pas un bâtisseur et il ne l’a jamais été sur le plan strictement Schumacher du terme. Il a débuté sa carrière avec Renault, puis a rejoint McLaren, revenu chez Renault pour repartir chez Ferrari entre 2007 et 2010. Il a quitté ses équipes une fois le manque de compétitivité présent. Comme voulait le faire Schumacher a ses débuts chez Ferrari. Son départ d’Alpine est un exemple récent. En cela il se rapproche plus de l’incarnation du pilote « hybride » Prost/Senna.
Lewis Hamilton n’est pas non plus un bâtisseur, il est dans la fidélité des Stewart et des Clark des années 60/70. Pilotant pour son équipe même si elle n’est pas compétitive (et cela arrivait avec les Lotus de Clark à l’époque). C’est plus du côté du pilote mercenaire que cela commence à disparaitre à proprement parler. Aujourd’hui le modèle des pilotes est l’hybride Prost/Senna et la fidélité Clark/Stewart.